4 ans plus tard...
titre original | "Jaws 2" |
année de production | 1978 |
réalisation | Jeannot Szwarc |
musique | John Williams |
interprétation | Roy Scheider, Lorraine Gary, Keith Gordon |
épisode précédent | "Les dents de la mer", 1975 |
épisodes suivants | • "Les dents de la mer 3", 1983 |
• "Les dents de la mer 4 : la revanche", 1987 |
La critique de Sébastien Miguel
Plaisir coupable.
Effet de surprise passé, et comme il est toujours temps de se faire un max de fric, Zanuck et Brown recommencent le shark business… mais sans Spielberg. Alors, que faire ? Engager un nouvel réalisateur, mais qui finalement se barre dans la mauvaise direction : version trop noire de John D. Hancock. On vire, et on trouve un réalisateur français de série B : Jeannot Szwarc.
Parce que c’est la mode, on oriente le film vers le slasher movie avec plein d’ados à trucider (excellent Keith Gordon). On refait (mais avec un certain talent) les scènes du chef-d’œuvre de Spielberg : découverte du cadavre, incompréhension des villageois devant les inquiétudes du shérif, requin bondissant hors de l’eau…
Le spectacle reste agréable, bien plus familial, mais avec un suspens toujours aussi efficace.
Szwarc choisit de montrer le méchant poisson sous toutes les coutures (ce qui fait un peu sourire aujourd’hui…) mais orchestre en virtuose quelques morceaux de bravoure remarquables (la séquence de ski nautique, la crise de folie de Brody sur la plage, la prière de la jeune fille…).
John Williams, au lieu d’écrire une partition sans intérêt, y voit la possibilité de poursuivre de manière ‘symphonique’ son travail commencé sur "Jaws" : c’est l’une de ses plus splendides partitions avec le fabuleux ‘Course de Catamarans’ et l’admirable ‘Ballet de Homards’, hommage à Bernard Herrmann et plongée terrifiante dans les fonds liquides de l’inconscient ou évoluent quelques inquiétants hydres aquatiques.
Névrosé, dépressif et animé d’une soif de vengeance suicidaire, Roy Scheider (qui ne voulait pas faire ce truc) est absolument splendide.
Un produit de série, mais fait avec talent.
Couverture du American Cinematographer d'avril 1978