titre original | "The friends of Eddie Coyle" |
année de production | 1973 |
réalisation | Peter Yates |
photographie | Victor J. Kemper |
musique | Dave Grusin |
interprétation | Robert Mitchum, Peter Boyle |
La critique de Sébastien Miguel
Echec total à sa sortie, "Les copains d'Eddie Coyle" (connu aussi en France sous l'affreux titre TV "Adieu mon salaud") est un anti-film noir mémorable. Le scénario, magnifique, dresse le portrait d'une bande de malfrats aux profils et ambitions variés.
Mais chez Yates (et contrairement à Coppola), les gangsters sont des minables à l'existence morne et particulièrement ennuyeuse. L'aspect documentaire de la mise en scène renforce la vision d'une société en état de décrépitude morale avancée. Les bars misérables, parkings sordides et supermarchés fluorescents ne forment plus qu'un décorum anonyme à ces loosers pathétiques.
Entouré d'une distribution brillante, échappé d'un réalisme poisseux très seventies, Robert Mitchum apparaît plus résigné et fatigué que jamais. L'acteur, désacralisé par Yates (on le voit manger à la cantine ou pousser un chariot…), affiche le même fatalisme que dans le grand classique de Tourneur de 1947, "La griffe du passé".
Le final à la fois sordide et dérisoire marque durablement les esprits.
Un chef-d'œuvre rare.