Le retour de "Popeye"
titre original | "French connection II" |
année de production | 1975 |
réalisation | John Frankenheimer |
interprétation | Gene Hackman, Fernando Rey, Bernard Fresson, Ed Lauter |
épisode précédent | "French connection", William Friedkin, 1971 |
La critique de Sébastien Miguel
"French connection II" est un film passionnant. Les esquisses d’une personnalité frustre et raciste étaient déjà présentes dans le film de Friedkin : elles sont brillamment approfondies par John Frankenheimer. Si cette production contient de nombreuses fusillades, inévitablement à faire, le cinéaste met plutôt l'accent sur un drame personnel et psychologique.
Isolé dans une ville qu’il ne connaît pas (Marseille, plus sale, cosmopolite et imprévisible que New York), Doyle est un homme seul. Sa haine et son dégoût de l’autre isolent le policier qui devient, peu à peu, l'illustration d’un malaise existentiel.
La souffrance, les souvenirs (heureusement traités en monologues douloureux), la solitude du personnage s'expriment avec un soin et une rigueur remarquables. Stylistiquement, le film est l'exact opposé du classique de Friedkin. Loin de la mise en scène découpée du premier opus, Frankenheimer oppose une caméra à l’épaule, un grain omniprésent et un son imparfait. C'est une plongée sans concession dans une réalité sordide, désespérante. Un monde en putréfaction.
La séquence de désintoxication (un très grand moment de cinéma) paralyse soudain la narration et devient une sorte de réflexion sur la condition humaine.
Ce qui n’était à la base qu’une simple opération commerciale se transforme en une expérience cinématographique mémorable. "French connection II" est un film à redécouvrir.